John Cornu
Urbicande, 2023
Ce travail de John Cornu propose une structure orthonormée modulaire de facture industrielle, composée à l’aide de tubes et de connecteurs en acier, dont la forme n’est pas sans rappeler les dispositifs anti-volatiles que l’on peut trouver çà et là dans les zones urbaines. Soient des systèmes de herses coiffées de pics comme autant de barrières érigées pour dissuader les oiseaux de se poser, et qui en disent long sur la manière dont nous nous accaparons certains espaces et sur les relations autoritaires que nous établissons avec certaines catégories du vivant. On pourrait bien évidemment élargir la remarque aux mobiliers et agencements anti-SDF – autrement nommés architectures hostiles – ou aux rochers placés à l’entrée de certains terrains vagues ou espaces verts pour en limiter l’accès.
Tout en faisant référence à l’album mythique des Cités obscures de Schuiten et Peeters, la famille de sculptures Urbicandes débutées en 2008 par John Cornu conjugue un modernisme empreint de froideur avec une visée critique et coercitive.
Le geste tente ici de juxtaposer une esthétique relativement brutaliste avec un paysage hautement pittoresque. Il s’agit – entre autres – de nous faire réfléchir à une possible accointance entre un espace dont l’accès serait réservé/ proscrit et un espace qui serait d’ordre public, ou plus précisément sur la valeur d’usage de l’espace public1 et de son partage. Cette structure autoritaire et invasive procède-t-elle d’une forme exclusive, d’une expropriation ? À qui s’adresse-t-elle ? Aux oiseaux ?
Le contexte historique, architectural et sociétal de Saint-Paul-de-Vence tout comme les usagers du site – humains et volatiles – sont ici pensés comme des constituants plastiques à part entière. Alors si la référence à l’Art concret ou à l’Art minimal historique est certes assumée, la présence d’une narration sourde à laquelle s’ajoute une attitude quasi documentaire portent nécessairement un éclairage autre sur cette forme sculpturale de prime abord peu bavarde.
John Cornu est représenté par la Galerie Gilla Lörcher I Contemporary Art
This artwork shows a modular orthonormal structure of industrial design, composed by using steel tubes and connectors, whose shape is reminiscent of the anti-bird devices that can be found here and there in urban areas. These are systems of harrows topped with spikes, like so many barriers erected to dissuade birds from landing, and which say a great deal about the way in which we monopolize certain spaces and the authoritarian relationships we establish with certain categories of living things. We could, of course, extend this observation to anti-homeless furniture and fittings – otherwise known as hostile architectures – or to the rocks placed at the entrance to certain wastelands or green spaces to restrict access.
While referring to the mythical album Cités obscures by Schuiten and Peeters, the family of Urbicandes sculptures begun in 2008 by John Cornu combines a cold modernism with a critical and coercive intent.
The aim here is to juxtapose a relatively brutalist aesthetic with a highly picturesque landscape. The aim is – among other things – to make us think about a possible connection between a space1 to which access is reserved/proscribed and a space that is public, or more precisely about the use value of public space and the way it is shared. Does this authoritarian and invasive structure stem from a form of exclusivity or expropriation? Who is it aimed at? The birds?
The historical, architectural, and societal context of Saint-Paul-de-Vence, as well as the site’s users – humans and birds – are considered here as plastic components. So, while the reference to Concrete Art or Historic Minimal Art is certainly there, the presence of a muted narrative, combined with a quasi-documentary attitude, necessarily sheds a different light on this sculptural form, which at first glance is not very talkative.
John Cornu is represented by Galerie Gilla Lörcher I Contemporary Art
Urbicande, 2023
Tubes et modules en acier
Steel pipes and modules
Dimensions variables / Variable dimensions
Courtesy the artist and Galerie Gilla Lörcher I Contemporary Art, Berlin
Photos Frédéric Pasquini – John Cornu