Juliette Minchin

Née en 1992
Vit et travaille à Paris

Juliette Minchin vit à Paris où elle développe sa pratique de la sculpture, de l’installation, de la vidéo et du dessin. Diplômée de l’École nationale Supérieure des Arts Décoratifs en scénographie et des Beaux-Arts de Paris, elle met en scène ses œuvres en travaillant la matière, la lumière, la dimension olfactive et le son.

Dans son travail, elle explore principalement les concepts liés à la transformation. Marqueur du temps qui passe, chacune de ses œuvres est le plus souvent déclinée en série, présentée sous différents états, jouant alors sur une ambiguïté essentielle : naissance de la matière ou mort de la forme, ici, le début et la fin se confondent. L’emploi de matériaux naturels (terre, cire ou liquide) confère à ses sculptures une dimension indéniablement organique, dont la surface est proche dans son aspect de la peau. 

La cire occupe aujourd’hui la place centrale de son travail : réactivée à l’infini, la même cire est utilisée et refondue pour des pièces successives comme une âme quitterait un corps pour un autre. Son travail se détruit et renaît ainsi comme un mandala tibétain. La répétition d’un même geste et l’évolution aléatoire de la matière leur confèrent un aspect processuel. 

Juliette Minchin immerge le visiteur en l’invitant à une introspection, de telle sorte que l’expérience qu’elles proposent, d’apparence matérialiste, se révèle potentiellement ésotérique. Les espaces fictifs que Juliette Minchin crée peuvent en effet être perçus comme des lieux rituels. Le répertoire de formes hiératiques et sacrés, qu’elle emprunte à des archétypes communs à différentes cultures, réveille alors chez le spectateur des réflexes animistes, mystiques ou spirituels, introduisant une forme de transcendance au cœur de la matière.

Omphalos apparaît comme une architecture sacrée, un sanctuaire imaginaire. 

L’œuvre s’inspire des traditions qui célèbrent le passage du temps au moyen de la cire. Elle puise son imaginaire à l’architecture des mausolées, monuments commémoratifs dans différentes cultures. En référence aux bandelettes de laine qui protégeaient l’Omphalos dans l’Antiquité grecque, Juliette Minchin enveloppe partiellement la structure de grands lambeaux de cire déposés les uns après les autres, alors qu’ils étaient encore chauds et malléables. En écho à la tradition de la vanité, l’artiste met en œuvre une plasticité destructrice, une façon de sculpter par effacement.

Par les jeux de transparence, la teinte de carnation et le caractère protecteur qu’offrent la cire, la manière dont l’artiste la travaille s’apparente à celle des sculpteurs antiques qui cherchaient à rendre au marbre un aspect proche de la peau. La cire, depuis toujours associée au visage et au corps humain, prend ici la forme d’un vêtement architectural. La structure métallique donne le mouvement et la volumétrie aux drapés de cire, comme une ossature qui soutient la peau. La « peau » reprend alors le sens de sa définition dans l’architecture où elle désigne la surface nue du bâti, la façade. 

L’artiste manipule ainsi les modèles architecturaux comme elle rassemble les rites qui l’inspirent. Le croisement de cultures est une façon de redonner de la modernité à un décor ancien, à des rites disparus tout en offrant un visage nouveau à l’architecture où plusieurs formes archétypales se rencontrent librement. 


Juliette Minchin lives in Paris where she develops her practice of sculpture, installation, video and drawing. Graduated of l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs in set design and les Beaux Arts de Paris, she has an immersive approach staging her works by working on matter, light, sense of smell and sound.

In her work, she mainly explores concepts related to transformation and cyclic time. Most often revealed in series, her artworks are presented under different states, playing then on an essential ambiguity: birth of the matter or death of the form, here, the beginning and the end are confused. The use of natural materials (clay, wax or liquid) gives her sculptures an undeniably organic dimension, whose surface is close in its appearance of the skin. Wax is central in her work: reactivated ad infinitum, the same wax is used and remelted for successive pieces as a soul leaves one body for another. Her work is destroyed and thus reborn as a Tibetan mandala. The repetition of the same gesture and the random evolution of the material give them a processual aspect.

Juliette Minchin finally includes the viewer by inviting him to an introspection, so that the experience she proposes, seemingly materialistic, is potentially esoteric. The fictional spaces that she creates can indeed be perceived as ritual places. The range of hieratic and sacred forms, which it borrows from archetypes common to different cultures, awakens animist, mystical or spiritual reflexes in the spectator, introducing a transcendence form into the heart of matter.

Omphalos appears as a sacred architecture, an imaginary sanctuary.

The work is inspired by traditions that celebrate the passage of time using wax. She feeds her imagination from the architecture of mausoleums, commemorative monuments in different cultures. In reference to the woolen bands that protected the conic stone Omphalos in ancient Greece, Juliette Minchin partially envelops the structure in large shreds of wax placed one after the other, while they were still warm and malleable. Reminding the tradition of vanity, the artist uses a destructive plasticity, a way of sculpting by erasure.

Through the play of transparency, the tint of skin tone and the protective character offered by wax, the way the artist works it is similar to that of ancient sculptors who wanted to give marble an appearance close to the skin. Wax, always associated with the face and the human body, here takes the form of an architectural clothe. The metal structure gives movement and volume to the wax drapes, like a framework that supports the skin. The “skin” then takes on the meaning of its definition in architecture, where it designates the naked surface of the frame, the facade. The artist thus manipulates architectural models as she brings together the rites that inspire her. The crossing of cultures is a way of restoring modernity to an old setting, to vanished rites while offering a new face to architecture where several archetypal forms meet freely.


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Omphalos, 2020
Acier, Cire
200 x 200 x 240 cm
Courtesy de l’artiste