Kevin Rouillard

Né à Vendôme en 1989
Vit et travaille à Marseille

 

Kevin Rouillard est diplômé avec les félicitations du jury de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2014. En 2015, il remporte le prix de la Fondation François de Hatvany.

Ses oeuvres ont été montrées aux Abattoirs, FRAC Midi-Pyrénées, Toulouse, pour l’exposition Autour du Nouveau Réalisme, Les dadas des Daniel. En 2017 : des expositions personnelles à l’Assaut de la menuiserie, Saint-Etienne ainsi qu’à The Chimney, New-York, et une exposition collective hors les murs du Centre d’Art Parc Saint Léger. En 2018, la Junqueira Artists Residency l’accueille à Lisbonne donnant lieu à deux expositions personnelles.

Plus récemment, à la suite du prix SAM Art Projects reçu en 2018, le Palais de Tokyo abrite en 2020 son exposition personnelle Le Grand Mur, tandis que la galerie Thomas Bernard ouvre, dans le même temps, son exposition Soudure et Mayonnaise.

Comme l’écrit Annabelle Teneze, Kevin Rouillard se présente comme un artiste sans atelier, donc sans lieu de travail autonome, et comme un artiste manuel, un artiste ouvrier :
« Chez Kevin Rouillard, ce rapport complexe entre création et production, leur dissemblance ou au contraire leur proximité, semble s’être exprimé dans deux voies de recherche différentes, d’un côté dans le processus de réalisation manufacto, appuyé chez lui sur la lenteur et le labeur, et, de l’autre, dans les modalités de présentation des œuvres, des siennes, des artistes qui lui sont contemporains, de ceux qui lui sont antérieurs, de ceux qui ne savent pas qu’ils produisent de l’art. »

La pratique de Kevin Rouillard se situe à la croisée de plusieurs domaines : la création plastique, l’installation-architecture, le design, le commissariat et la scénographie d’exposition.

En 2016, l’artiste s’installe pour plusieurs mois son atelier dans une galerie fermée de Bordeaux où étaient stockées des œuvres des années 1960 issues des affiches lacérées de l’artiste du Nouveau Réalisme Jacques Villéglé. Par imprégnation peut-être, la première série des « Tôles/chocs » qu’il y produit, fait un étonnant écho à la frontalité urbaine et colorée des œuvres du « lacérateur anonyme », mais aussi à leur frontalité dangereuse, celle du résultat de la violence d’un geste : celui d’arracher d’un côté, qui devient ici celui de marteler. Dans un système d’équivalence des valeurs, le bidon vaut la toile, l’acte de peindre le martelage.

L’artiste en travailleur reproduit l’action physique, mécanique et répétitive d’un artisan, pour réaliser l’une des formes les plus conceptuelles de l’art du 20e siècle, la peinture monochrome. Bien que l’artiste choisisse cette forme historique par excellence de l’abstraction, sans occulter certaines évidences des références des couleurs qu’il emploie, comme dans l’œuvre Jaune, couleurs et formats des monochromes se retrouvent néanmoins conditionnés par les disponibilités commerciales, celles de la production industrielle des bidons.

Dans un chemin à l’envers, vers une quête des origines, une fois la forme ronde aplanie par les roues du tracteur, le métal est en effet rendu à l’état de plaque après un martelage uniforme et patient, dont les œuvres gardent la marque à la fois répétitive et irrégulière. Les stigmates de la dureté du martelage tout comme les soudures des assemblages, y restent visibles, comme une grêle, comme une cicatrice, comme une réparation.

 


Kevin Rouillard graduated with honours from ENSBA in Paris in 2014. In 2015 he won the François de Hatvany Foundation prize.

His work has been shown at the Abattoirs, FRAC Midi-Pyrénées, Toulouse, for the exhibition Autour du Nouveau Réalisme, Les dadas des Daniel. In 2017: solo exhibitions at l’Assaut de la menuiserie, Saint-Etienne as well as at The Chimney, New-York, and a group exhibition outside the walls of the Parc Saint Léger Art Centre. In 2018, the Junqueira Artists Residency welcomed her to Lisbon, resulting in two solo exhibitions.

More recently, following the SAM Art Projects award received in 2018, the Palais de Tokyo is hosting his solo exhibition Le Grand Mur in 2020, while the Thomas Bernard Gallery is opening at the same time, his exhibition Soudure et Mayonnaise.

As Annabelle Teneze writes, Kevin Rouillard presents himself as an artist without a studio, and therefore without an autonomous workplace, and as a manual artist, a working artist.
“In Kevin Rouillard’s work, this complex relationship between creation and production, their dissimilarity or, on the contrary, their proximity, seems to have been expressed in two different avenues of research, on the one hand in the process of manufacturing, which in his case is based on slowness and labour, and, on the other, in the ways in which works are presented, his own works, those of his contemporaries, those of artists who came before him, and those who do not know that they are producing art.

Kevin Rouillard’s practice lies at the crossroads of several fields: plastic creation, installation-architecture, design, curating and exhibition scenography.

In 2016, he set up his studio for several months in a closed gallery in Bordeaux where works from the 1960s were stored from the lacerated posters of the New Realism artist Jacques Villéglé. Perhaps by impregnation, the first series of “Tôles/chocs” that he produced there echoed the urban and colourful frontality of the works of the “anonymous lacerator”, but also their dangerous frontality, that of the result of the violence of a gesture: that of tearing off on one side, which here becomes that of hammering. In a system of equivalence of values, the can is worth the canvas, the act of painting the hammering.

The artist as worker reproduces the physical, mechanical and repetitive action of a craftsman, to achieve one of the most conceptual forms of 20th century art, monochrome painting. Although the artist chooses this historical form par excellence of abstraction, without obscuring certain obvious references to the colours he employs, as in the work Jaune, the colours and formats of the monochromes are nonetheless conditioned by commercial availability, those of the industrial production of cans.

In a backward path, towards a quest for origins, once the round shape has been flattened by the tractor wheels, the metal is in fact returned to the state of plate after a uniform and patient hammering, of which the works keep the mark, both repetitive and irregular. The stigmata of the hardness of the hammering, like the welds of the assemblies, remain visible, like a hail, like a scar, like a repair.

 


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Jaune, 2021
Bidon, Acier
195 x 305 x 5 cm
Courtesy de l’artiste ADAGP et de la Galerie Thomas Bernard
Photo François Fernandez