Stefan Rinck

Né à Homburg/Saar en 1973
Vit et travaille à Berlin

Les figures de pierre de Stefan Rinck composent une population bigarrée et comique, d’animaux pour la plupart, chimères ou monstres. Costumés, masqués, dotés d’attributs, nommés d’après des héros de la mythologie grecque, ils composent une assemblée de non-humains discordante mais parente : ils viennent d’un autre monde, d’un imaginaire archaïque, tissé de mythes et de légendes. À travers cette faune, l’artiste explore une pratique typique du Moyen-Âge : la sculpture par taille directe de figures de pierre.

Son travail rappelle les personnages de l’art roman qui animent les chapiteaux et les tympans d’églises. Il en a la morphologie et le style, l’aspect hybride de la chimère et du monstre. Ce sont des figures grotesques, dans lesquelles on reconnaît le comique vitaliste, typique du réalisme médiéval, qui s’exprimait dans les processions bouffonnes, lors de fêtes religieuses et populaires. Si le Moyen-Âge colore l’art de Stefan Rinck, ses références se cristallisent autour de quelques obsessions « gothiques », à la manière romantique : un goût pour la mythologie et les contes populaires, d’époques et de cultures différentes, pour le fantastique ou les figures de l’hybris ou de la démesure.

Les œuvres de Stefan Rinck ont fait l’objet de nombreuses expositions à Athènes, Berlin, Bruxelles, Los Angeles, Madrid, Munich et Paris et font partie, entre autres, des collections du FRAC Corse, Corte (FR), du CBK Rotterdam (NL) et du Museum De Hallen, Haarlem (NL). En 2018, une œuvre de Stefan Rinck (Les mangoustes de Beauvais, 2017) est installée dans l’espace public parisien de manière permanente au 53-57 rue de Grenelle (Beaupassage). En 2019, Stefan Rinck intègre 100 Sculptors of Tomorrow, publié par Thames & Hudson.

Citations :

« L’une de mes premières fascinations s’est portée sur la période romane française. La plupart des sculpteurs de cette époque étaient anonymes. Seuls certains d’entre eux sont connus aujourd’hui tel Gislebert, qui a signé ses sculptures. J’ai été fasciné par son œuvre et sa capacité à prêter à ses sculptures une certaine aura, une expressivité particulière, d’une façon magique. Il n’était pas question de recherche de perfection technique. Pourmoi, c’est une sorte de primitivisme européen.  Lorsque l’on parle de primitivisme, on pense toujours à l’art extra européen, mais j’aime croire qu’il y a eu un primitivisme européen. Ce fut l’un de mes points de départ. Mais bien sûr, beaucoup de mes personnages se rapprochent aussi de l’art aztèque. »

« Je suis également influencé par les formes créées par les peintres modernes comme Miró ou Picasso. […] C’esttoujours ainsi : les artistes du même mouvement et de la même époque s’empruntent mutuellement dans une sortede continuité. Le défi est de poursuivre, de continuer, mais de présenter les choses d’une nouvelle manière, de lesmélanger dans quelque chose de neuf peut-être. »


Born in 1973. Lives and works in Berlin

Stefan Rinck’s stone figures form a motley and comical community of, for the most part, animals, chimeras and monsters. They wear costumes and masks; are endowed with particular symbols or characteristics, some bear the names of heroes of Greek mythology or of legend. Rinck’s sculpted figures make up a discordant but related assembly of non-humans: they come from elsewhere, an archaic imaginary world, woven from myths and legends. With his collection of fauna, the artist is exploring a comical, imaginary yet realistic vein, breathing new life into its iconography, using a technique typical of the Middle Ages: sculpting his figures directly from stone.

Rinck’s sculptures remind us of the figures of Roman art, which populate the columns and tympana of churches. They share the same morphology and style, the hybrid aspect of the chimera and monster. These are grotesque figures, in which we recognize the vitalist comedy typical of medieval realism which could be observed during the parades of jesters and buffoons at religious and popular festivities. Yet if the Middle Ages seem to color Rinck’s art, its frame of reference in fact crystalizes around a number of “Gothic” obsessions of the Romantic kind: a taste for mythology and folk tales, for different epochs and cultures for the fantastic or figures of hubris and excess.

Stefan Rinck’s work has been subject to many exhibitions in Athens, Berlin, Brussels, Los Angeles, Madrid, Munich, Paris and features in the collections of the FRAC Corse, Corte (FR), the CBK Rotterdam (NL) and the Museum De Hallen, Haarlem (NL). In 2018, the work The mangust of Beauvais is installed permanently in the city of Paris at 53-57 rue de Grenelle (Beaupassage). In 2019, Stefan Rinck is part of the 100 Sculptors of Tomorrow published by Thames & Hudson.

Quotes:

“One of my early fascinations was for the French Romanesque period. Most of the sculptors of the time wereanonymous. Only a few of them are known today such as Gislebertus, who signed his sculptures. I was fascinatedby his work as he managed to lend his sculptures a certain aura, a particular expressiveness, in a magical kind of way. It wasn’t a question of searching for technical perfection. For me it was a kind of European Primitivism. When we speak of primitivism, we always think of art from outside Europe, but I like to think that there was a European Primitivism. This was one of my starting points. But of course a lot of my figures are compared to Aztec art.”

“I’m also influenced by the forms used by modern painters like   Miró or Picasso. […] It has always worked like this;artists from the same movement or period borrow from one another in a kind of continuity. The challenge is tocontinue, to carry on, but to present things in a new way, mixing things into something new maybe.”


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Mistral Boys, 2021
Pierre calcaire
230 x 80 x 65 cm
Courtesy de l’artiste, Sorry We’re Closed, Brussels
et Semiose, Paris. 
Photo François Fernandez